- RODRIGUES (ÎLE)
- RODRIGUES (ÎLE)RODRIGUES ÎLEPerdue dans l’océan Indien à 600 kilomètres à l’est de l’île Maurice et éloignée des grandes voies maritimes, la minuscule (104 km2) île Rodrigues reste méconnue malgré la splendeur de son lagon qui tranche avec l’austérité d’un paysage montagneux et très érodé. Ses quelque 34 400 habitants (1992) sont essentiellement des pêcheurs et agriculteurs créoles, de souche française, et catholiques. La communauté rodriguaise forme incontestablement un groupe culturel distinct au sein de l’ensemble mauricien, dont elle est une composante depuis le début du XIXe siècle, le peuplement n’ayant véritablement commencé que dans la seconde partie du XIXe siècle.Rodrigues a été colonie française de 1725 à 1809 sous le nom d’île Marianne après avoir été «occupée» — au cours d’un séjour forcé, de 1691 à 1693 — par un groupe de huguenots français conduit par le Bressan Leguat de La Fougère. Passée sous domination britannique, elle est rattachée administrativement à l’île Maurice, elle-même colonie anglaise, dont elle sera une «dépendance» pratiquement oubliée et négligée. Depuis 1968, année où l’île Maurice accède à l’indépendance, Rodrigues est partie intégrante de cet État dont elle constitue un district administré par un commissaire résident assisté d’un conseil local.Malgré des liaisons maritimes très espacées entre les deux îles et destinées surtout à ravitailler Rodrigues, celle-ci n’a commencé à sortir de son isolement qu’à partir de 1975, avec l’établissement d’une liaison aérienne. Le tourisme reste encore peu développé.Rodrigues a vu se développer une force politique spécifiquement rodriguaise à travers le mouvement Organisation du peuple de Rodrigues (O.P.R.), fondé par Serge Clair à l’occasion des élections législatives mauriciennes de décembre 1976. Son implantation s’est renforcée et la communauté mauricienne elle-même a été sensibilisée à un problème qu’elle ignorait jusqu’ici. «Les Rodriguais en terre rodriguaise», selon la formule désormais répandue, entendent affirmer leur identité culturelle, lutter contre un sérieux sous-développement économique et culturel qu’ils imputent (en partie) à la domination exercée par l’île Maurice, et prendre en main la gestion de leurs affaires en obtenant un certain degré d’autonomie administrative et financière.Tout en refusant de s’allier aux partis de gauche mauriciens pour mieux préserver sa spécificité, l’O.P.R. n’a pas remis en cause l’appartenance de Rodrigues à l’ensemble national mauricien. Elle y réclame un statut particulier qui corresponde à la reconnaissance de la personnalité rodriguaise et de sa dignité.Mais le débat politique a été lancé. Et il suffirait d’un durcissement de part et d’autre pour que la question rodriguaise suscite, en s’internationalisant plus ou moins, des difficultés réelles à l’île Maurice ainsi que des réactions et des remous dans les autres îles de l’océan Indien.
Encyclopédie Universelle. 2012.